Artibonite : certains membres de la diaspora et de l’élite politique alimentent les gangs, selon Joseph Jouthe .

• 18/12/2025
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Dans une vidéo devenue virale sur Facebook, à laquelle participaient LadyCha, Harold Saintcloud et le journaliste Gotchen Bernard, l’ancien Premier ministre haïtien Joseph Jouthe a révélé l’origine des groupes armés dans le département de l’Artibonite. Selon lui, les premiers gangs ayant opéré dans cette région étaient directement liés à certains membres de la diaspora haïtienne.

Joseph Jouthe affirme sans détour : « de premye gwoup gang ki te gen nan l’Artibonite se te gang dyaspora yo te ye ». Il cite notamment le gang de Ti Mépris, basé dans la localité de Jean-Denis, ainsi qu’un autre groupe opérant dans la commune de Desdunes, dirigé par Canal du Vent, un ancien chef de gang. Il précise que ces groupes étaient régulièrement alimentés en armes et munitions par des membres de la diaspora.

L’ancien chef du gouvernement insiste sur le fait que la population doit connaître cette réalité. Il répète : « Pami yo, te gen Ti Mépris nan lokalite Jean-Denis, e lòt la se te nan lokalite Desdunes ki te gen Canal du Vent kòm chèf ». Ses propos mettent en lumière les circuits d’approvisionnement des gangs et la responsabilité directe de certains acteurs politiques dans l’aggravation de l’insécurité en Haïti.

Joseph Jouthe explique également que certaines mesures prises durant son passage à la Primature visaient à protéger la population : « Se pa san rezon Joseph Jouthe te oblije pran kèk mezi pou waf Sen Mak pa t gen afè pèsonèl ki antre ladan l… ». Il précise que l’entrée incontrôlée de colis personnels par les douanes et les quais facilitait l’acheminement d’armes et de munitions envoyées depuis l’étranger vers Saint-Marc pour alimenter ces gangs.

En conclusion, l’ancien Premier ministre affirme que la vérité doit être dite : « Sa se yon enfòmasyon mwen bay, ki petèt p ap fè tout moun plezi, men fòk mwen di laverite paske se sa li ye ». Il ajoute : « lòt gwoup gang k ap vini yo, se kandida k ap vini ak yo, se nèg politik ki te bezwen genyen eleksyon yo ki vin gen gang pa yo », démontrant que l’insécurité actuelle résulte d’un système politique qui a instrumentalisé la violence pour préserver et conquérir le pouvoir.

Dans le prolongement de ces révélations, plusieurs figures politiques haïtiennes ont contribué à la dégradation du climat sécuritaire du pays. À titre d’exemple, on peut citer, Victor Prophane, ancien député, entretenait des liens avec des gangs opérant dans l’Artibonite. Il a été arrêté le 12 janvier 2025 par la Police nationale d’Haïti dans le cadre d’une enquête sur ses relations avec des groupes armés. Son nom figure également sur des listes de sanctions internationales pour des faits liés à l’insécurité et à la criminalité organisée, confirmant la collusion entre certains responsables politiques et les gangs.

Cette dynamique ne se limite pas à un seul acteur. L’Union européenne a imposé des sanctions ciblées le 15 décembre 2025 contre l’ancien président Michel Joseph Martelly, l’ancien président du Sénat Youri Latortue et l’ancien sénateur Rony Célestin pour leur implication dans la violence des gangs et les violations graves des droits humains en Haïti. Michel Martelly, président de 2011 à 2016, Youri Latortue et Rony Célestin sont désormais soumis à un gel de leurs avoirs dans l’UE et à une interdiction de voyager dans l’espace européen, reflétant la responsabilité directe qu’on leur attribue dans le financement et le soutien des groupes armés qui ont ravagé des communautés entières.

Ces éléments illustrent concrètement ce que Joseph Jouthe dénonce lorsqu’il affirme que « des candidats et des acteurs politiques ont créé ou soutenu des gangs pour gagner ou conserver le pouvoir », faisant de l’insécurité actuelle le produit d’un système politique organisé autour de la violence et de l’influence électorale.