Deux rappeurs du groupe Barikad Crew en difficulté pour deux motifs différents : Fantom arrêté en République dominicaine, Izolan recherché par la police en Haïti
- 12/12/2025
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Deux figures emblématiques du groupe de rap haïtien Barikad Crew se retrouvent actuellement au cœur de dossiers judiciaires distincts, fondés sur des motifs différents mais fortement médiatisés. Ces affaires illustrent une nouvelle fois l’imbrication préoccupante entre le monde artistique, l’insécurité et les tensions politico-judiciaires en Haïti.
L’artiste haïtien Daniel Darinus, connu sous le nom de Fantom, a été interpellé le dimanche 7 décembre 2025 par les services d’immigration de la République dominicaine pour séjour illégal. À ce stade, aucune information officielle ne fait état de sa libération, et il demeure retenu par les autorités dominicaines.
À l’opposé, Jean Léonard Tout-Puissant, alias « Izolan », fait l’objet d’une recherche active de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) pour armement présumé de gangs opérant dans la capitale.
Dans ce cadre, des agents de la DCPJ ont mené, tôt dans la matinée de ce vendredi 12 décembre 2025, une opération musclée au domicile du maire intérimaire de Port-au-Prince, Ralph Youri Chévry, à Canapé-Vert. L’intervention visait à retrouver le rappeur, accusé par plusieurs chefs de gangs notoires de fournir des armes à des groupes armés actifs dans l’aire métropolitaine.
Accompagnées de véhicules blindés et du commissaire du gouvernement près le tribunal de Port-au-Prince, Me Dorval Patterson, les forces de l’ordre ont forcé l’entrée de la résidence. La fouille s’est déroulée dans un climat de forte tension, marqué notamment par l’abattage du chien de garde. Après plus de trois heures d’opération, aucune arrestation n’a été effectuée, l’artiste recherché étant absent des lieux.
Cette descente fait suite à des accusations récurrentes selon lesquelles le rappeur serait impliqué dans l’approvisionnement en armes de réseaux criminels. À titre de rappel, il avait déjà été interpellé en mars 2021 par la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (BLTS) à l’aéroport international Toussaint Louverture, alors qu’il s’apprêtait à se rendre en République dominicaine.
Le maire intérimaire a confirmé avoir été convoqué par le Parquet de Port-au-Prince à la suite de la perquisition à son domicile. Qualifiant l’intervention de brutale, Ralph Youri Chévry affirme avoir coopéré avec les autorités, tout en dénonçant les dégâts matériels, la mort de son chien ainsi que la saisie d’armes et d’un drone appartenant à ses agents de sécurité, sans explication juridique claire. Il se dit désormais disposé à répondre aux questions de la justice lors de sa comparution prévue le lundi 15 décembre à 11 heures.
De son côté, une population déjà éprouvée par l’insécurité chronique observe ces développements avec inquiétude et scepticisme. Certains acteurs de la société civile dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une application sélective de la justice. Ils rappellent que ces mêmes chefs de gangs ont, à plusieurs reprises, accusé publiquement l’homme d’affaires André Apaid Jr. de collusion et de relations privilégiées avec eux, sans qu’aucune procédure judiciaire visible n’ait, jusqu’à présent, été engagée.
Cette disparité de traitement alimente un sentiment d’injustice et renforce la méfiance collective, dans un contexte où de nombreux citoyens réclament des enquêtes impartiales, cohérentes et affranchies de toute considération de statut social ou de puissance économique, afin que la lutte contre les gangs ne devienne pas un instrument à géométrie variable.

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